Mondial Nordique : la France frappe un grand coup

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Les deux représentants de l’équipe de France de ski nordique handisport ont crevé l’écran lors des championnats du monde disputés dans la continuité des championnats du monde valides, à Trondheim (Norvège). Ce mercredi 5 mars 2025, Kart Tabouret est devenu champion du monde de sprint classique quand Benjamin Daviet, lui, a pris la troisième place. Jamais deux Bleus n’avaient partagé un même podium en ski de fond. Vincent Duchêne, entraîneur en chef de la spécialité pour la Fédération Française Handisport, satisfait, évoque un hiver encourageant à un an des Jeux Paralympiques d’hiver de Milan-Cortina (6-15 mars 2026).

Décidément, ces championnats du monde de ski handisport auront eu un caractère inédit jusqu’au bout. A l’instar des épreuves d’alpin amputées de la moitié de leur programme à Maribor (Slovénie), l’inédit a aussi escorté les compétitions de ski de fond. Après Toblach en Italie, du 12 au 14 février 2025, Karl Tabouret et Benjamin Daviet avaient rendez-vous, ces mardi 4 et mercredi 5 mars, en Norvège pour boucler leurs championnats du monde. Ils ont respectivement terminé premier et troisième. Inédit, on vous dit. 

Les instances internationales avaient, en effet, choisi d’organiser le sprint classique à Trondheim, en Norvège, juste après les mondiaux de ski de fond valides. « Courir ici, à Trondheim, avec la ferveur, la passion de tous les supporters présents était une énorme avancée pour le para ski de fond, commente Vincent Duchêne, entraîneur national pour la Fédération Française Handisport. Et pour les passionnés que nous sommes au sein du staff et de cette équipe, courir en même temps que tous les grands noms du ski en Norvège, était fabuleux. Associer occasionnellement les épreuves valides et handisport peut être bénéfique pour tout le monde. »

« Aller en finale pour profiter de l’ambiance »

Karl Tabouret (Albertville Handisport) et Benjamin Daviet, les deux Tricolores engagés, ont saisi cette opportunité pour donner un coup de projecteur retentissant sur leur sport et leurs performances. Après des qualifications bien maîtrisées malgré des conditions difficiles, le duo infernal abordait les demi-finales avec un but précis : « Mardi soir, avant la demi-finale, on leur a dit de se qualifier pour la finale pour profiter de l’ambiance. Qu’ensuite il n’y aurait plus qu’à tout donner… », dévoile Vincent Duchêne.

Forts d’une demie bien négociée malgré une neige moins compacte que prévue, les Bleus ont pu tout donner en finale. « Je n’étais pas en très grande forme mais quand j’ai vu, à l’approche de l’arrivée, que j’étais deuxième, je me suis dit qu’il fallait envoyer les watts, raconte avec des mots bien à lui,Karl Tabouret, 22 ans et déjà vice-champion du monde sur le 10 km classique mi-février. C’est incroyable, je ne m’y attendais vraiment pas. C’est ma toute première médaille d’or. En plus partager ce podium avec Benjamin, c’est vraiment cool. Jamais deux Français, dans notre discipline, n’étaient montés sur un même podium. »

Benjamin Daviet a fait basculer ce moment déjà exceptionnel dans le surréaliste en arrachant la troisième place. Aux forceps, le quintuple champion paralympique français a devancé le Norvégien Kjartan Haugen, l’Allemand Sebastian Marburger et le Japonais Yoshiro Nitta. « Aux qualifs, avec la neige qui brassait, je suis parti en poussée. Ce n’était pas l’idéal mais c’est passé, relate le sociétaire du Grand Bornant et de l’Armée des champions. En demie, on pensait que ce serait béton parce qu’ils avaient salé. Mais comme il faisait trop chaud, ça n’a pas eu le temps de durcir. J’ai donc choisi de partir en classique, qui n’est pas mon point fort. Mon but était de maintenir les écarts dans les bosses, d’en perdre le moins possible afin de pousser fort sur les parties plates ou peu montantes. J’y suis parvenu. Ma tactique de course a bien payé. Rivaliser avec le Japonais (Taiki Kawayoke) et Karl (Tabouret), les deux meilleurs en classique, était compliqué. En revanche, si je restais dans les skis de l’Allemand et du Japonais à l’attaque de la dernière ligne droite, je pouvais tirer mon épingle du jeu. J’ai donc opté pour une grosse relance dans la dernière bosse pour leur passer devant en entrant dans le stade. Cette médaille fait vraiment plaisir parce qu’après mon projet Jeux en aviron, cet été, et un hiver comprenant moins de séances spécifiques, je montre que je reviens à un bon niveau. Et ce malgré la fatigue engendrée par cet été très dense. »

Une fin de course à couper le souffle

Ce finish des deux Français a littéralement retourné les entraîneurs et le staff national. « Franchement, il va falloir revoir la course parce que nous étions tellement excités sur ce final que nous avons quelques trous noirs, savoure Vincent Duchêne. Quand Benjamin qui était plutôt en fin du groupe pour la troisième place, est revenu en troisième position, je n’en croyais pas mes yeux… On a fait le travail et on a vraiment profité de cette ambiance exceptionnelle. Nous remercions l’équipe de France et plus particulièrement les techniciens pour leur aide et leur travail sur les skis. Ceci entre pleinement dans les raisons de cette réussite collective. »

Ces deux jours, à l’image de cette remise des médailles effectuée devant près de 3 000 personnes, resteront gravés dans les mémoires et les annales.


Ces deux médailles, d’or et d’argent, s’ajoutent aux quatre médailles d’argent décrochées sur les championnats du monde de biathlon handisport (deux argent) et la première partie des épreuves de ski de fond. « Avec ces deux nouvelles médailles, dont ce titre, le bilan est positif, situe Vincent Duchêne. Néanmoins, nous ne devons pas nous endormir sur nos lauriers. Nous avançons dans la bonne direction mais nous devons continuer ainsi pour espérer faire au moins aussi bien à l’avenir. » L’avenir c’est notamment les Jeux paralympiques d’hiver de Milan-Cortina, prévus du 6 au 15 mars 2026.

Les quatre médailles d’argent du ski nordique :

Karl Tabouret – Or sur sprint classique (Trondheim, Norvège)

Benjamin Daviet – bronze sur sprint classique (Trondheim, Norvège)

Karl Tabouret – Argent sur 10 km classique (Toblach, Italie).

Anthony Chalençon et Florian Michelon (guide) – Argent sur 20 km (Toblach, Italie).